Didactique de la grammaire en FLE

La problématique de l’enseignement de la grammaire est multiple et complexe. Jean-Claude Béacco dans son ouvrage La didactique de la grammaire dans l’enseignement du français et des langues (éditions Didier, 2010) considère qu’il y a plusieurs questions dans cette problématique qui, tout en étant interconnectées requièrent des réponses différentes. Cette partition est nécessaire car le terme grammaire est source de polysémie et génératrice d’ambiguïtés.

Pour leur part, Henri Besse et Rémy Porquier dans leur ouvrage, grand classique du domaine, Grammaire et didactique des langues (Langues et apprentissage des langues) aux éditions Didier, 1991, décortiquent la polysémie du mot grammaire en signalant que, en français, le mot grammaire est particulièrement ambigu selon les contextes, ou bien il prend des acceptions sensiblement différentes les unes des autres, ou bien il confond ces mêmes acceptions, comme si elles renvoyaient à une seule réalité.

Si nous prenons les exemples proposés par H. Besse et R. Porquier :

          • En parlant ou en écrivant, on n’est généralement pas conscient de la grammaire qu’on utilise.

            • Quand il entre à l’école primaire, l’enfant connaît déjà sa grammaire

            • Toute langue, tout dialecte a une grammaire.

Ces trois phrases renvoient à une même réalité, la conception selon laquelle la grammaire est un principe d’organisation interne propre à une langue donnée.

Sauf dans le dernier exemple, grammaire est un parasynonyme de langue, et plus spécifiquement, langue maternelle (langue de départ). Le terme désigne une entité à la fois psycho-génétique et psycho-sociale dont on postule l’existence au cœur des pratiques langagières propres à une communauté donnée. C’est ce que certains linguistes appellent la compétence linguistique ou plus largement, compétence de communication.

Dans d’autres contextes, le mot grammaire renvoie à quelque chose de très différent :

  • Dans ce cours on ne fait pas de grammaire.
  • La grammaire est indispensable pour acquérir une bonne orthographe […]
  • Dans certains pays, on n’enseigne la grammaire qu’au niveau universitaire.

Ces exemples renvoient à un savoir plus ou moins méthodique et explicite sur la langue. Grammaire renvoie à la connaissance réflexive des régularités ou normes caractéristiques de la langue.

Une troisième utilisation du mot grammaire évoque un point de vue particulier sur le savoir grammatical propre à une langue, une école de pensée particulière, une théorie sur le fonctionnement interne des langues :

  • Très critiquée, la grammaire traditionnelle reste à la base des cours de langue les plus récents.

  • La grammaire générative et transformationnelle peut être considérée comme un prolongement de la grammaire structurale.

  • Il y a des ressemblances entre la grammaire indienne ancienne et la grammaire structurale.

Ainsi, Besse et Porquier montrent qu’il y a trois acceptions possibles du mot grammaire :

  1. Un certain fonctionnement interne propre à une langue donnée ;
  2. l’explicitation plus ou moins méthodique de ce fonctionnement ;
  3. la méthode d’explicitation suivie.

Les deux dernières acceptions relèvent du domaine métalinguistique ; la première acception renvoie aux activités proprement linguistiques.